La MUE
Lune en Scorpion, hésiterais-tu à dévoiler ce qui se cache ? Ton éclat se donne dans les profondeurs, là ou peut se révéler une autre vérité, une autre vision, une autre façon de voir et d’envisager la vie. Dans le royaume secret du Scorpion, on éveille, on regarde en face sans ciller ce qui doit être vu et comme toujours quand il s’agit d’honnêteté avec soi-même, ce n’est pas toujours confortable !
Opposée au Soleil qui en Taureau recherche calme, paix et sécurité et d’Uranus qui vient encore une fois faire trembler la tour de nos certitudes, il n’est certes pas judicieux de vouloir s’accrocher à ce qui de toute façon est destiné à nous quitter… L’imprévu, la secousse, l’éveil soudain à un autre possible, à une autre vision de la vie est une aubaine, une chance, un cadeau qu’il ne faut pas refuser…
Ecoutons le doux murmure du destin, la Lune en trigone au Nœud Nord en Poisson, facilite la traversée des eaux marécageuses pour nous mener doucement vers la mer de nouveaux possibles.
La transformation que ce climat lunaire propose n’est pas une fin mais le début de quelque chose. Suivons donc le courant….
Ce soir je m’assois donc sous une Lune amante du mystère
Prêtresse du changement
Présence profonde au cœur de la nuit
Je sais qu’elle ne m’épargnera pas mais confiante, je lui prends la main et guidée par sa pâle lumière, je descends en moi…
Dans ce marais silencieux, je vois ma prison mentale
Je vois comment j’ai construit ma vie, mon identité
Je perçois finement comment je crée et recrée indéfiniment le décor de mon expérience
Je vois mes pensées en boucles tourbillonnantes dans ce marécage créateur
Il n’y a en cet instant aucune promesse doucereuse
Il n’y a que la vérité
Je ne peux plus me défendre, accuser mon ami, mon conjoint, le monde
Je suis à la source de ma propre vie
Je laisse remonter tout, pensées, émotions, colères muettes, blessures… Je ne les repousse pas. Je les regarde sans ciller…
L’ombre en moi est alors accueillie, aimée
Je me laisse sombrer, je sens la tour de mon égo trembler
Jusqu’à ce que je n’en puisse plus et que je dise « oui »
« Oui » à tout ce que je suis
Et c’est là que le miracle commence à se produire
La lumière revient
Je sors de l’identification, du petit « moi » construit à partir de mon histoire, de mes croyances, de mes prétentions, de mes blessures d’âme…
Et pour un moment je vole comme l’aigle au-dessus de ce « personnage » …
Je suis dans un espace silencieux, dans l’espace créateur ou librement je peux choisir qui je veux être
L’étoile guide, le Nœud Nord en Poisson m’appelle et murmure : « lâche et fais confiance, tu n’as pas à contrôler quoi que ce soit »…
Alors je ferme les yeux et je me rends à la sagesse invisible
Je laisse mourir ce qui n’a plus lieu d’être
Et dans le silence de cette nuit transformatrice
Je suis ce que je suis, sans fards, sans masques
Je ne crains plus de dire ma vérité profonde
La seule fidélité à laquelle je m’engage, c’est celle avec moi-même
Je suis libre d’ensemencer le monde à partir d’une vision si vaste… si vaste…
Je renais…
" Je ne vais pas vous mentir, il est plus facile, c'est vrai de jeter au loin la lumière et d'aller dormir. Avec la lumière devant nous, nous voyons parfaitement tous les aspects de nous-mêmes et des autres, du disgracié au divin en passant par tous les états intermédiaires. C'est pourtant avec cette lumière que viennent à la conscience les miracles de la profonde beauté du monde et des êtres. Elle permet de dépasser la mauvaise action et de voir le coeur empli de bonté, de découvrir l'esprit délicat écrasé sous la haine, d'être compréhensive au lieu de ne pas comprendre. Elle peut faire la différence entre diverses couches de personnalité, d'intentions, de motivations chez les autres, entre conscience et inconscience, chez soi-même comme chez les autres. C'est la baguette magique de la connaissance, le miroir où l'on sent et où l'on voit toute chose. C'est la nature sauvage profonde. Il y a néanmoins des moments où ce qu'elle nous
dit est douloureux et quasiment insupportable, car le crâne ardent montre aussi les trahisons qui se préparent, le défaut de courage chez ceux qui jouent les bravaches, l'envie figée derrière un sourire chaleureux, les atours qui ne font que masquer le dégoût. Elle éclaire aussi crûment nos failles que nos trésors.
Cette connaissance-là est la plus difficile à affronter et c'est alors qu'on a envie de se débarrasser du crâne. Mais c'est alors aussi qu'on sent, si l'on veut bien ne pas l'ignorer, une force issue du Soi qui dit: "Ne me jette pas. Garde-moi. Tu vas voir"
Clarissa Pinkola Estés " Femmes qui courent avec les loups"